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Un américain à Paris
1985, 1990, 1997 et 2006 : Jordan s'est rendu à 4 reprises à Paris. En 1985, aux balbutiements d'un prodige inconnu des français. En 1990, pour la naissance du phénomène, qui déjà provoque des mouvements populaires invraissemblables. En 1997, en champion absolue. En 2006, dans le cadre d’une opération sportivo-marketing baptisée "Jordan Classic". Nous vous proposons aujourd'hui un retour sur ses 4 passages dans la capitale française. Flashback !
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21 et 22 août 1985 : Place du Trocadéro. Seuls les quelques badauts et touristes américains en villégiature ont reconnu ce jeune basketteur de 21 ans, Ray Ban sur le visage, chaîne en or autour du cou, qui effecture des bonds devant un parterre de photographes. A l'époque, et même s'il vient d'être élu meilleur débutant de l'année 1985, quasiment personne ne le connait. Le basket américain n'est pas encore diffusé sur Canal+, la NBA est encore marginale en France. Les stars du basket américain, se sont Larry Bird et Magic Johnson. Certes, Jordan est déjà considéré comme un phénomène, mais personne ne peut imaginer qu'il va accomplir une telle carrière ou qu'il réussira même à remporter un titre de champion NBA un jour. Son séjour, coincé entre une visite en Italie et une autre en Angleterre, se déroule dans un quasi anonymat. En 48 heures, il effectue un tour express de la capitale, sous le patronnage de Nike. Déjeuner dans un grand restaurant des Champs-Elysées, passage à Canal+ pour une émission avec Coluche puis visite de courtoisie au club parisien, le Stade Français Basket. Il effectue également une journée de gala à l'ACBB, l'Athlétique Club de Bourgogne-Billancourt. Le matin, flanqué de son grand frère Larry, il se mue en professeur et enseigne sa science à des apprentis basketteurs. L'après-midi, il participe à un match d'exhibition entre une sélection franco-américaine et le Montpellier de l'ancien Limougeaud Apollo Faye. Là, dans le gymnase vétuste de Boulogne, sur des panneaux en bois rigides, Jordan gratifie une assistance famélique de quelques dunks improbables. "Il n’y avait pas un chat, mais il s’était quand même donné à fond, relève l'ancien international Richard Dacoury qui avait joué dans son équipe. C’était déjà un grand professionnel". Qui n'avait pas eu à l'époque qu'un seul caprice : disposer de son seul vestiaire.
1er septembre 1990 : La salle Géo-André, son gymnase de 1000 places à mi-chemin entre le Parc des Princes et la salle Pierre-de-Couvertin. Jordan doit y passer la journée. Son programme : animer un concours de dunks puis participer à une exhibition entre Tours et l'équipe allemande de Bayreuth. Une nouvelle fois, Nike est à la manouvre mais sous-estime l'impact du joueur. En cinq ans, Jordan est devenu la figure montante du basket américain, athlète hors du commun à qui il manque, pour un an encore, un titre de champion. Lorsqu’il débarque dans la salle, maillot noir à son effigie, 8000 fans se bousculent à l'entrée. Quelques minutes avant le match, enfermée dans son vestiaire, entourée de ses agents, Sa Majesté hésite à tout annuler. Il craint pour sa sécurité. Des vitres viennent d'éclater sous le poids des spectateurs entassés. Il ne reste d'ailleurs plus un espace de libre dans la salle où sont massés 1500 privilégiés. Seule l'aire de jeu n'a pas été investie. A l'extérieur, des curieux tentent de pénétrer en force et la police est contrainte d'intervenir. "Jordan avait surtout peur que les spectateurs lui sautent dessus et lui arrachent ses vêtements, témoigne George Eddy, le M. basket de Canal+, qui avait donné un coup de main aux organisateurs. Je suis alors entré dans la salle qui était bondée et j'ai prévenu les spectateurs qu'au premier incident, on remballait tout". Au final, Jordan prend part à l'échauffement et au match. Il se fend de 37 points et subjugue la foule à coups de passes aveugles. Deux jours plus tôt, MJ avait pris part au All-Star Game espagnol. Il avait scoré le même nombre de points tout en signant un admirable 7 sur 11 à trois points.
17 et 18 octobre 1997 : sa tournée parisienne annulée en 1995 pour cause d'attentats, Michael Jordan revient pour la troisième fois à Paris en superstar planétaire, auréolé de cinq titres NBA. "Jordan attendu comme un roi", titre alors L'Equipe en une. Il est devenu une star universelle, inaccessible au commun des mortels. Entouré d'une cohorte de gardes du corps, Jordan sillonne la ville dans un van aux vitres fumées et donne libre cours à ses penchants pour la bonne chère. Il fait le tour des cabarets et des boîtes de nuit, s'invite aux meilleurs tables de la ville et s'offre pour 16 000 francs (soit près de 2 440 euros) de cigares Cohibas. Chacun de ses mouvents déclenche des vagues d'hystérie. Un exemple, son passage sur le plateau de Nulle Part Ailleurs, présenté par Guillaume Durand. Fait rare, les boss de la chaîne cryptée descendent en plateau pour l'approcher. Ils tentent même d'obtenir une dédicace, mais essuient un refus ferme. Et pourtant, la chaîne vient de lui offrir deux caisses de château-cheval-blanc, un Saint-Emilion premier grand cru classé A. Côté sport, Jordan est coupé de ses partenaires. Il participe à un seul entraînement avant de jouer deux matchs de l'Open McDonald's (contre Paris et Le Pirée) sous l'égide de la NBA. Contre le PSG Racing, à Bercy, Jordan effectue son premier match de la saison. Et compile 28 points, 7 rebonds et passes décisives. "Il a joué tranquille, mais il nous en a quand même collé 28, souffle Stéphane Risacher, son adversaire du jour. Face à lui, on avait l'impression qu'il pouvait t'en mettre 50 dans la courge sans que tu l'aies touché une seule fois". A la fin du match, le meneur Arsène Ade-Mensah tente de récupérer un des mythiques poignets en éponge que sa Majesté porte au coude. Mais à peine le match fini, Jordan est déjà parti de la salle par une porte dérobée.
17 et 18 octobre 2006 : pendant son séjour de 9 jours en Europe, Michael participe essentiellement à une opération sportivo-marketing appelée "Jordan Classic". L'objectif : mettre à l'honneur, dans chaque ville, les meilleurs jeunes athlètes au niveau national. Ces espoirs du basket ont le privilège de rencontrer le plus grand joueur de l'histoire de leur sport. A Paris, c'est au stade Pierre-de-Coubertin, dans le 16è arrondissement. Après deux jours passés dans la capitale française, Jordan passe une journée à Londres, une à Hambourg, une autre à Berlin, deux à Barcelone avant de terminer son périple à Milan, les 24 et 25 octobre. A Paris, Sa Majesté assure une promotion "minimale" : une conférence de presse plus un "clinic" accessible sur invitation seulement.
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