• Tournée annulée

     Tournée annulée

    Michael Jordan est venu à 4 reprises à Paris au cours de sa carrière. Mais saviez-vous qu'il avait failli venir une cinquième fois, en septembre 1995, pour une tournée organisée autour de l'opération "Thunder Tour". Ce tour devait se déplacer à travers l'Europe et il était notamment prévu que Jordan fasse un arrêt de deux jours à Paris (Trocadéro). Jusqu'à ce que l'évènement soit annulé. Entraînements avec les Bulls, tournage d'un film, participation à une oeuvre de sociale... toutes les mauvaises raisons ont été invoquées pour justifier l'annulation de son passage en Europe. Reste l'explication la plus vraisemblable. -Keep flying with Him- vous dit tout dans la suite.

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    Au début, c'était la meilleure nouvelle de l'été : une visite de Jordan sur le continent européen entre le 11 et le 19 septembre. A la fin, c'était le pire polar qui soit. Un polar mal ficelé avec une fin bâclée qui laisse une drôle d'impression dans l'estomac : l'impression d'avoir été pris pour des gogos. Reprenons : Jordan est un bon soldat. En 1993, sans passer la moindre minute sur les parquets de basket - il croyait encore à sa reconversion de baseballeur -, il touche plus de 30 millions de dollars et pointe en première position au classement des athlètes les mieux payés de la planète (un classement établi par le magazine américain Forbes). Pas très actif mais très bien rétribué. Normal : les plus grandes multinationales US continuent d'entretenir avec lui des relations très privilégiées. Nike ? Plus qu'un partenaire de passage. Entre le leader mondial de la pompe de sport et le joueur de Chicago, l'entente dure depuis plus de dix ans. La visite ? On y vient. Au début de l'été, Nike monte le Tour européen de Jordan et le programme au milieu du mois de septembre. Les raisons commerciales d'une telle visite sont évidentes mais elles ne nous regardent pas... Des étapes à Madrid, Milan, Paris, Bruxelles et Leverkusen sont prévues. Un programme effectué au pas de charge (jamais plus de deux jours dans la même ville) avec pour but de balader la plus grande star sportive de la planète sur les playgrounds, les plateaux télé et les cocktails mondains du vieux Continent. Business is business !

    Premier couac : les attentats parisiens du mois d'août. Rapidement, la Préfecture de Police de Paris interdit les rendez-vous les plus publics de l'étape française - notamment, la visite du "Thunder Tour", compétition de dunks qui devait réunir 20 000 personnes sur l'esplanade du Trocadéro. Normal ! Ensuite, les choses se gâtent. Pas en Europe mais sur le sol américain. La fronde contre le pouvoir NBA dont Jordan a pris la tête ne fait plus recette (MJ est devenu le porte-parole du groupe dissident qui souhaite reprendre à zéro les négociations entre les propriétaires de franchises et le syndicat des joueurs). Durement critiqué dans la presse américaine, affaibli jusque dans le vestiaire des Bulls, le n°23 réalise qu'il a choisi le mauvais camp.

    Back in Paris, les responsables de Nike France font le dos rond. Refrain généralement lâché en réponse aux questions insistantes : "On ne sait pas. Vous recevrez un communiqué de presse..." En fait, il sera longtemps question d'organiser une conférence de presse le 16 septembre - lieu tenu secret pour des raisons de sécurité - suivie d'une visite dans le journal télévisé de PPDA. Finalement, le 11 septembre, Nike France accouche d'un communiqué titré : "Michael Jordan annule sa tournée européenne." Plus loin, on lit : "... l'emploi du temps de Michael Jordan était extrêmement chargé depuis son retour sur les parquets, avec en particulier les entraînements avec les Chicago Bulls, sa participation active à l'oeuvre sociale P.L.A.Y. (Participate in the Lives of America's Youth), le tournage d'un film et son implication dans l'avenir du basket pro aux USA." Le dernier point est évidemment le plus important.

    Please, évitons de mentionner des entraînements avec les Bulls - qui n'avaient pas lieu en raison du lock-out - ou la participation à une oeuvre sociale lorsqu'il s'agit d'expliquer l'annulation d'une opération commerciale d'une telle importance... L'allusion à l'implication de Jordan dans l'avenir du basket est par contre justifiée. Et explique certainement l'annulation - finalement prévisible - de sa visite européenne.